La fonte des glaces dans l'Arctique canadien ne libère pas que du mercure, un phénomène déjà connu, mais aussi plusieurs autres produits chimiques, relate le webzine Salon. Un présage de ce qui arrivera bientôt plus au Sud.
"Près de 500 kilomètres au nord du cercle Arctique, dans la nuit polaire d'un matin de décembre, Jesse Carie un jeune scientifique manitobain, marche sur la banquise pour y recueillir des échantillons de glace. Sa petite collecte devrait lui permettre ensuite de mesurer les taux de mercure et de pesticides se trouvant dans la glace. Il descend de l'Amundsen, le navire à bord duquel une équipe de scientifiques participent à l'expédition menée pour marquer l'Année Polaire internationale en cours [qui s'étend sur les hivers 2007-8 et 2008-9, soit deux cycles de six mois]. Cette expédition est la première du genre. Les scientifiques embarqués à bord de l'Amundsen passeront l'hiver dans les glaces du Cercle Polaire pour étudier les effets du réchauffement climatique", explique le webzine Salon.
Et les résultats déjà disponibles sont accablants. Les preuves de l'impact du réchauffement climatique s'accumulent. Les échantillons prélevés par Jesse Carrie et ses collègues révèlent la présence de contaminants toxiques, certains à des niveaux particulièrement élevés, dans un environnement pourtant retiré et loin des grands centres de production industrielle. Salon rappelle que le sang des habitants du Grand Nord est chargé de mercure, dépassant le seuil considéré comme dangereux par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Le mercure arrive du Sud, relâché par les fumées de charbon brûlé aux Etats-Unis en Chine, et encore ailleurs dans le monde. "Mais les récentes augmentations de la présence de ce métal enregistrées dans le Grand Nord ne peuvent pas être expliquées uniquement par le charbon brûlé aujourd'hui", affirme Gary Stern, de Pêches et Océans Canada et co-directeur de l'expédition de l'Admussen, cité par Salon. (Des explications de Gary Stern sur ce sujet sont également disponibles sur le site de ce ministère.) En fait, le mercure monte sous l'effet du réchauffement climatique...
La banquise qui recule relâche les stocks de ce métal emprisonnés par la glace. D'autres polluants sont également libérés, tels que des polybromodiphényléthers (PBDE) utilisés pour ignifuger les produits plastiques et les textiles, des fameux pesticides comme le DDT et les non moins sinistres lubrifiants biphényles polychlorés (BPC), bien connus au Québec.
Un inévitable effet boule de neige accélère la transformation du paysage arctique, affectant tout les êtres de cet écosystème. Par exemple, certains animaux sont contraints de s'éloigner pour chercher pitance. "Des oiseaux qui ne parcouraient que 80 kilomètres pour se nourrir doivent maintenant voler sur 160 kilomètres. Résultat, ils doivent se faire plus de gras, où viennent se loger les produits toxiques" et ramènent ces polluants vers le Nord.
Salon lance un avertissement, ces phénomènes préfigurent ce qui se passera bientôt au Sud. Gary Stern croit même que l'Arctique est un peu comme le canari dans la mine de charbon, s'il meurt étouffé par les effluves de gaz, le coup de grisou n'est pas loin. Dans les eaux de l'Arctique nage une espèce menacée par la pollution, le béluga, surnommé pour son chant harmonieux le canari des mers...
(Voir à ce sujet le reportage de Florian, participant à Müvmédia 2007)