vendredi 17 avril 2009

Lampes à économie d’énergie : l’ennemi à combattre ?

Les ampoules fluo-compactes, dites à économie d’énergie, sont-elles le nouvel ennemi écologique - et économique - à combattre ? Justifient-elles réellement de remplacer les ampoules d’Edison ? A l’heure où les ampoules à économie d’énergie n’ont jamais été autant promues - au point de remplacer très prochainement les ampoules à incandescence -, la question a de quoi faire sourire. Elle est pourtant très sérieuse et la réponse, pas si évidente.

Un récent article publié par Michael Ivanco, un scentifique de renom de l’Atomic Energy du Canada, du professeur Bryan Karney et d’un de ses étudiants Kevin Waher du département du génie civil de l’université de Toronto, jette le discrédit sur une idée préconçue.

L’efficacité énergétique : un calcul à courte vue ?

Sur les ampoules à incandescence, entre 5 et 10% de la consommation d’électricité seulement est utilisée pour son objectif : l’éclairage. A titre de comparaison, les ampoules fluo-compactes (dites “à économie d’énergie”) sont 4 à 5 fois plus efficaces. C’est cette différence qui a convaincu nombre de gouvernements d’interdire la vente des ampoules à incandescence. L’Union européenne a ainsi décidé de les retirer progressivement du marché entre 2009 et 2012. Mais c’est oublier les effets indirects. Sur les ampoules à incandescence, la majorité de l’électricité consommée a comme particularité de… chauffer, avec un rendement comparable à celui d’un chauffage électrique. Le reste de la réflexion intellectuelle va de soi : le remplacement par des ampoules fluo-compactes coûte de l’argent, et a pour effet pervers de décharger plus encore la charge du chauffage sur les appareils de chauffage. Un raisonnement qui ne tient évidemment que lorsque le foyer a besoin d’être chauffé. C’est exactement comme vider un verre, pour le remplir à côté. Une fausse économie en somme.

Des situations perverses

Prenons maintenant un cas plus “pervers” : un pays du nord de l’Europe (fortement consommateurs de gaz pour se chauffer) qui déciderait d’imposer le remplacement de toutes les ampoules à incandescence au profit d’ampoules à économie d’énergie. Ce remplacement à grande échelle reviendrait donc à utiliser moins d’énergie “propre” et plus de gaz naturel pour compenser l’énergie perdue. Si limiter la consommation de gaz serait un réel objectif, ce pays aurait tout intérêt à garder ses ampoules à incandescence durant au moins toute la période de chauffe, soit… 9 mois sur 12.

Ampoules à économie d’énergie : pour quelles situations ?

Cet exercice ne doit pas faire oublier les réels avantages des ampoules à économie d’énergie. Si elles sont - on l’a vu - peu adaptées aux pays froids, elles sont au contraire particulièrement efficaces pour les pays plus chauds. Prenez une entreprise située en Californie. Ici, peu de chauffage, mais une climatisation qui tourne 9 mois sur 12. Les ampoules à incandescence, qui chauffent, non seulement consomment beaucoup d’électricité, mais en plus surchargent les appareils de climatisation, très gourmands en électricité. Ces ampoules sont aussi particulièrement indiquées pour l’éclairage extérieur.

Autant de considérations qui devraient nous pousser à bien étudier l’usage des différentes technologies avant de prendre des décisions : certains gouvernements risquent de se réveiller avec la gueule de bois après s’être rendu compte qu’au final, leurs décisions destinées à réduire l’émission de gaz à effet de serre aura eu l’effet exactement inverse…

Sur ce sujet hautement polémique, vous pouvez lire la position de Serge Orru, directeur général de WWF-France.